5 caricaturistes originaires de tous les pays, rassemblés au sein de l’Association Cartooning for peace, créée par Jean Plantureux, dit PLANTU, dessinateur au Monde, et sa petite souris.
Depuis janvier 2010, le Mémorial de Caen offre, par une exposition permanente (1), une visibilité inédite à leurs dessins au vitriol !
« Un musée doit de se réinterroger, interroger l’Histoire et la muséographie » justifie le maire Caen, Philippe Duron, convaincu que « la présence de dessinateurs du monde entier permet d’éviter toute ethno ou européocentrisme ».
Pour Plantu, il s’agit aussi de faire « respirer le spectateur, le jeune, qui vient de passer deux heures à observer les événements terribles de la seconde guerre mondiale : les corps mutilés, la Shoah, les crimes de guerre… Le dessin de presse intervient pour faire vivre l’opinion et construire la paix des années à venir ».
Plusieurs sections
« Conflits armés » : les dessinateurs (comme le belge Kroll) se penchent avant tout sur les premières victimes : les civils.
« Menaces climatiques » : (Chapatte, No-Rio, Jiho) éclaire la responsabilité de l’Homme, du Nord comme du Sud, dans la dégradation de son environnement et surtout sur le décalage entre ses actes et ses discours.
« Inégalités Nord-Sud » : les droits de l’Homme en Birmanie, Iran, Chine… mais aussi en Europe, en France.
« Séquence centrale : la censure » aux tabous, aux interdits « dont les propres interdits de dessinateurs de presse » (Grimaldi, directeur du musée). On joue, on dévie. Un Mahomet au visage flouté…. Cependant, des dessinateurs franchirent –outre les caricaturistes danois – des tabous insoupçonnables : 2 ans de prison pour ce dessinateur iranien coupable d’avoir représenté l’ayatollah Khomeiny en footballeur !
« La liberté de la presse ne s’use que si on ne s’en sert pas « (Le Canard Enchaîné ).
Questions à Plantu (2)
Pourquoi avoir choisi le Mémorial de Caen pour cette exposition (3) ?
Cela correspond à une volonté de donner un souffle nouveau aux visiteurs. Après un parcours où ils se remémorent les temps forts de la Seconde Guerre Mondiale, nous souhaitons montrer que le combat pour la paix et les droits de l’Homme n’est pas quelque chose de figé dans nos livres d’histoire ou qui ne concernerait que l’Algérie ou le Tibet. C’est aussi un combat d’aujourd’hui qui concerne l’Europe où la censure peut prendre une forme très hypocrite : l’autocensure.
Comment les dessins ont-ils été choisis ?
Certains représentent des tragédies, la douleur, avec un graphisme et un lyrisme très forts, comme pour le génocide rwandais ou le 11 septembre. D’autres, beaucoup plus légers ou provoquants, démontrent qu’on peut faire de l’humour même sur des événements graves. Car nous restons des dessinateurs, pas des intellectuels ! Ce qui ne nous empêche pas de faire de la pédagogie, avec un espace consacré à la censure et aux tabous.
Quatre ans après sa création, quelle est l’ambition de Cartooning for peace ?
Nous accueillons encore de nouveaux dessinateurs, mais nous ne souhaitons p as être un club de plus ! Nous portons un message simple : nous devons aider les rédacteurs en chef, les directeurs artistiques à ne pas avoir peur. Si nous proposons une trêve des blasphèmes pour ne pas humilier les croyants, pas question de baisser la garde face aux intolérants. Il nous faut déranger les dirigeants de ce monde et maintenir le débat d’opinions.
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2. Voir les sites « cartooningfor peace.org », « plantu.net » ou/et « caen.fr/taches_opinions »
3. in « Valeurs mutualistes » n° 265, mars/avril 2010
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