Contribution aux réflexions sur la laïcité
par des membres du Parti Socialiste
Du côté de Dijon...
Section Jean Moulin (novembre 2009)
Un mot sur la laïcité...
La laïcité ne saurait être réduite à un seul aspect, la question religieuse. Principe fondateur de la République, elle a consolidé les acquis de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en dissociant la citoyenneté de l'appartenance (ou de la non appartenance) religieuse. Elle a instauré un processus de socialisation commun à travers l'école publique obligatoire puis de masse. Elle a développé une notion d'identité commune autour de valeurs a-religieuses héritées des Lumières, et renvoyé la religion à la sphère individuelle et privée.
Depuis la loi de 1905 de séparation de l'Eglise et de l'Etat, la notion de laïcité a évolué pour ce qui concerne la religion. Elle est constamment en recherche d'un équilibre délicat entre trois aspirations :
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le respect des cultes (plutôt demandé par les croyants),
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la non domination de la religion sur l'Etat et la société (plutôt demandée par les républicains et les athées),
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l'égalité des religions et des convictions (plutôt soutenue par les religions minoritaires).
Il s'agit donc d'un principe dynamique, n'en déplaisent à ceux qui la déclarent obsolète sous prétexte qu'elle ne saurait prendre en compte « le retour du religieux ».
Ceux-ci oublient que la laïcité est avant tout un principe fondé sur le respect des libertés et l'égalité, nécessité plus que jamais actuelle.
… et quelques chiffres sur les religions en France
Selon Le Monde, les Français se déclarent en 2007 catholiques pour 65% (dont 5% de pratiquants réguliers et 50% de non pratiquants), sans religion pour 27%, musulmans pour 3%, protestants pour 2%, juifs pour 0,6% et d'autres religions pour 2,4% d'entre eux.
Plus de 2/3 des Français sont donc non pratiquants ou athées.
La religion catholique a connu une désaffection et une crise des vocations continue dans les dernières décennies ; la sécularisation est une phénomène observé partout en Europe. Si l'école catholique continue de faire recette avec 2 millions d'élèves, seuls 12% des parents font ce choix pour des raisons confessionnelles.
Le port de la burqa, selon les services de renseignement, concernerait actuellement moins de 400 femmes en France.
Un « retour du religieux » en France ?
Au plan national, du point de vue quantitatif, il convient donc de relativiser le « retour du religieux » dont la presse et l'opinion s'emparent dès que l'on aborde les questions liées à la pratique visible des cultes et des traditions religieuses, même si la séduisante prophétie de Malraux « Le XXIe sera religieux ou ne sera pas » imprègne les esprits.
Il convient également de noter que ce qu'on appelle souvent « retour du religieux » pourrait porter le nom de « question des pratiques traditionalistes de l'islam », mais que la crainte d'être taxé d'islamophobe conduit fréquemment les commentateurs à habiller de généralités ce qui concerne un groupe social très spécifique.
Sur la question du port de la burqa
La question du port de la burqa appelle celle de la place croissante prise par le fondamentalisme musulman en France.
Nombreux sont ceux qui appellent à la tolérance face à de telles pratiques, pour éviter de fournir aux intégristes religieux un nouveau prétexte de stigmatiser l'Etat et la société français, non respectueux des libertés individuelles et de la vie privée. La crainte d'être taxé d'islamophobe n'est pas neutre dans l'expression de ceux qui défendent la tolérance des prescriptions des fondamentalistes religieux (alors que la critique des fondamentalistes catholiques qui entravent les avortements, par exemple, ne génère pas les mêmes réticences). On peut ainsi mesurer le poids réellement important du fondamentalisme, qui a su instrumentaliser les valeurs républicaines jusqu'à créer de complexes sentiments de culpabilité jusqu'au plus haut niveau des sphères publiques et intellectuelles.
Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, rappelle que le port de la burqa ne relève pas de la vie privée, puisque ce qui est en question, c'est son port dans l'espace public. Remarquons que personne ne conteste la possibilité pour chacune de porter la burqa à la maison, bien que cela pourrait améliorer le partage des tâches ménagères : tentez donc de passer l'aspirateur ou de laver correctement la vaisselle sous un voile intégral). Plaisanterie à part, cette question est donc éminemment d'ordre public.
Second point, la liberté individuelle n'est pas le seul principe qui fonde la démocratie et la république en France. La notion d'intérêt général y tempère l'exercice des libertés individuelles et la dignité de la personne humaine y a été constamment élevée comme un principe fondamental par la jurisprudence de ces dernières années. Or, la burqa, parce qu'elle cache le visage, parce qu'elle instaure une barrière physique et symbolique entre la femme couverte et le monde, est contraire à la dignité humaine.
Chadorrt Djavann, essayiste iranienne vivant en France, rappelle que le port du voile nie l'égalité de la femme et sa liberté, même lorsqu'il est choisi. En effet, il est réservé aux femmes en âge d'avoir des enfants, et marque leur appartenance à la communauté musulmane orthodoxe ou fondamentaliste. Ainsi, il les identifie comme produits sur un marché d'échange ouvert aux seuls musulmans adhérant au principe du port du voile, et renforce par la même l'emprise de cette communauté au sein des musulmans de France.
La burqa relève d'un problème de respect des droits et des libertés fondamentales et du rapport à la loi, et non d'une question de religion ou de sphère privée. Or il existe des lois qui défendent la dignité humaine, l'égalité entre les hommes et les femmes, et d'autres qui défendent la sécurité et exigent que chacun puisse être identifié, lois qui pourraient être renforcées par le dispositif « anti-cagoule » lors des manifestations.
Créer une commission parlementaire pour étudier la question de la burqa paraît étrange dans ces conditions. Il paraît urgent d'interdire le port de la burqa, au besoin en étendant le champ des lois existantes, et surtout de les faire appliquer.
Au-delà de la burqa, le principe de laïcité revu et corrigé par l'Etat français lui-même
Au-delà de ce problème très médiatique, le principe de laïcité connaît depuis quelques mois des évolutions qu'il convient d'observer avec d'autant plus d'attention que l'Etat les a menées avec beaucoup de discrétion. Et c'est plutôt là qu'il faudrait craindre un affaiblissement du principe de laïcité, sous prétexte de sa modernisation ou de sa « positivation ».
En décembre 2008, la République Française et le Vatican ont discrètement passé un accord afin d'établir une reconnaissance des diplômes de l'enseignement supérieur entre les 2 Etats. Cet accord ne concerne pas seulement les diplômes de théologie comme le gouvernement l'a laissé entendre. Or depuis la loi du 18 mars 1880, l'Etat a le monopole de conférer les titres universitaires, ce qui constitue un principe fondateur de l'Université républicaine (il existe depuis 2002 une exception grandes écoles / masters). Le chef de l'Etat indique que cet accord découle du processus européen de Bologne relatif à l'harmonisation des diplômes... mais le Vatican n'est pas membre de l'Union Européenne. D'autre part, à la lumière du discours de Latran du 20 décembre 2007, dont N. Sarkozy est désormais « chanoine », on peut se demander si cet accord met en oeuvre la conviction présidentielle que jamais l'instituteur ne sera capable de remplacer le curé ou le pasteur dans la transmission des valeurs et la distinction entre le bien et le mal.
Au-delà de la question très débattue des valeurs morales, il faut constater que les politiques publiques françaises intègrent chaque jour davantage le fait religieux. Ainsi, Bernard Kouchner vient de créer un pôle religions au Quai d'Orsay, en tant « qu'effet de la mondialisation » et au nom d'une nécessaire « modernisation des mentalités ». Traditionnellement, la diplomatie française, imprégnée des principes de laïcité, se montrait parfois en retrait par rapport aux questions religieuses. Le nouveau conseiller nommé à ce poste ne sera pas seulement chargé d'apporter un regard sur l'origine religieuse des conflits géopolitiques, mais également d'accueillir les personnalités religieuses en France et de représenter celle-ci dans les organisations internationales.
Si la montée du fait religieux au plan international et la nécessité d'un consensus avec nos voisins européens qui n'ont pas à se battre avec pas l'héritage culpabilisant d'une colonisation de pays musulmans peuvent légitimer ces décisions, le fait qu'elles manquent de transparence peut inquiéter quand on entend par ailleurs le chef de l'Etat évoquer le rôle du curé, etc. La vigilance est donc de mise, non pour critiquer systématiquement ces initiatives, mais pour vérifier que le débat public existe autour d'options de nature à faire évoluer le principe de laïcité, dynamique par nature. En particulier, le rôle du parlement supposément renforcé par la dernière révision constitutionnelle devrait s'affirmer sur ces questions importantes.
Le fait religieux moteur d'une nouvelle donne politique internationale
La question des effets de la tolérance sur les fondamentalismes religieux se retrouve, à une échelle bien plus importante, en politique internationale.
Le « discours de paix » prononcé le 4 juin 2009 par Barack Obama au Caire visait à inaugurer une nouvelle ère dans la relation Etats-Unis / monde arabe, après le désastre imposé par la vision manichéenne de l'administration Bush. Nourrie des thèses de Samuel Huntington sur le « Choc des civilisations », celle-ci avait identifié un « axe du mal » et inauguré la mise en oeuvre de guerres préventives sous couvert d'aider des pays musulmans à accéder aux bienfaits de la démocratie occidentale.
Ce discours a fait l'objet de beaucoup d'analyses et de critiques.
Certains saluent le discours d'apaisement et de raison humaniste, l'appel à éradiquer les visions réductrices qui existent de part et d'autre. Obama cherche ainsi à libérer l'islam du fondamentalisme et à l'ancrer dans la modernité.
Mais d'autres remarquent que pour instaurer une coexistence pacifique entre l'Amérique et l'islam, B. Obama raisonne comme si la dimension religieuse était prépondérante pour tous les hommes et toutes les sociétés. Il se débarrasse ainsi du principal facteur du choc des civilisations, qui oppose sociétés dominées par une religion (l'islam) et sociétés tolérantes n'imposant aucun système (Occident). Mais la laïcité ne trouve pas place dans son discours, ni côté américain (où la politique s'exerce sous les auspices de Dieu voire en son nom) ni côté musulman. Or il existe des tendances des sociétés musulmanes aspirant à séparer la religion et la politique, ce que nient les intégristes qui prétendent agir au nom d'une communauté unique et figée. Indirectement, B. Obama fait le jeu des intégristes, ce qui pourrait être interprété comme une faiblesse par ceux-ci, ou un pas en avant dans le renoncement aux valeurs des Lumières.
Pour conclure sur une boutade : la religion,
valeur-refuge lorsque l'Etat se montre défaillant ?
En Russie, la fédération des huissiers de justice a signé en juin 2009 un accord avec le patriarcat orthodoxe pour que celle-ci encourage les mauvais payeurs à amender leur comportement. Depuis l'effondrement du communisme, la Russie connaît un fort renouveau religieux et est redevenue l'institution la plus respectée des Russes qui ne font pas confiance à l'Etat corrompu.
En appeler à Dieu pour mieux régler ses dettes, n'est-ce pas une recette à laquelle l'Etat français devrait s'intéresser au vu de la situation dramatique de ses finances publiques ?
A C D C (envoyé par Pierre VIDAL)
Du côté de Mantes-la-Jolie...
Pour notre malheur, les élus (municipaux et autres) ont toujours en tête leur prochaine élection. Partant, ils n'hésitent pas à "draguer" large : aujourd'hui les cathos, demain les anars.... et si par hasard des extra-terrestres arrivaient chez nous, ils n’hésiteraient pas à les contacter.
Ceux qu'ils détestaient hier seront leurs amis de demain. Pour s'en convaincre, il suffit de suivre attentivement les différentes tractations qui se font aujourd'hui, dans tous les partis, dans la perspective des élections régionales.
Ainsi, au PS on cherche l'alliance avec le PC et pourquoi pas avec le NPG, alors qu'au moment des européennes, et ce n'est pas si lointain que cela, nos "futurs" amis étaient nos ennemis.
Pour conserver un siège, pour un gagner un, que ne ferait-on pas? Le pouvoir rend fou. Rien d'étonnant à ce que les jeunes ne s'engagent plus en politique.
Rocard, ancien du PSU, puis membre du PS (ancien ministre de gauche) ne s'est-il pas précipité dans les bras de Sarko pour une "co-présidence" de l'emprunt, aux côtés de Fillon, après nous avoir concocté la taxe carbone, avec d'autres.
Lang n’a-t-il pas voté avec ses « ennemis » la modif de la constitution ?
Besson a abandonné Ségolène Royal en pleine campagne des présidentielles pour rejoindre celui qui sera président de la République.
Plus près de nous, une de nos camarades nous a quittés. Une ville proche lui avait proposé un siège.
Le ministre de la Défense (et des armées) a dit au revoir à notre palois national pour créer son propre parti (du centre) et a dit oui lorsqu’on lui a proposé un portefeuille.
Dès que le siège est en jeu, qu’on soit de droite ou de gauche, même « son de cloche », même comportement, dès lors que le siège est en jeu… on se fout complètement de ce qui se passera demain. La seule préoccupation est de siéger soit à l’Assemblée nationale, soit au Sénat.
Notre « écolo en chef » n’était-il pas le premier sur les barricades en 1968, sans doute aux côtés de l’ancien directeur de Libération. Il est vrai qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’idée (alors je suis un imbécile).
Lors des dernières cantonales sur Mantes-la-Ville, un parti (défenseur des travailleurs et des travailleuses) avait fait une affiche et publié un tract disant qu'il était le seul à pouvoir défendre le canton, que rien n'avait été fait avant. Parmi les signataires certain(e)s - et non des moindres- étaient élu(e)s municipaux dans des municipalités d'union de la gauche et étaient encore candidats dans ces mêmes communes, toujours sur une liste d'union de la gauche.
D'autres, socialistes bien pensant, sont partis pour regagner leur siège, avec des affiches plus vierges que « Marie » en matière d’appartenance politique.
A une adjointe socialiste une contribution financière avait été demandée (c'est dans les statuts), pour toute réponse : une lettre de démission, à d'autres encore ce fut un NON ferme et catégorique.
A tous les échelons, à de rares exceptions, on pense au porte-monnaie. D’abord !
Qu’il est loin le temps où on « rentrait » en politique par idéologie.
Pour ce qui est de Bonnières, avant-hier le maire, Jean-Marc Pommier, nous a ouvert ses portes pour la plantation de l'arbre de la laïcité (son grand-père était libre-penseur, faut-il lui rappeler), hier il a inauguré une statue devant un parterre "d'intégristes" (si j'ai bien compris). Que fera-t-il demain ?
Des exemples comme cela je pourrais vous en donner plus d'un. Certains sont visibles, d'autres moins visibles et encore d'autres invisibles.
Pour ma part, chaque fois que je rencontre ceux ou celles qui se disent de gauche, mais qui dans les faits on se demande qui ils ou elles sont réellement, je ne manque pas de me rappeler à leurs bons souvenirs. Où que je sois, je lâche quelques vérités. Résultat : dès qu’on aperçoit, seulement ma silhouette (c’est vrai qu’elle est visible de loin) changement de trottoir ou on baisse la tête.
Cela étant, revenons à nos "moutons". Même si Jean-Marc Pommier est un ami, un peu de "rentre dedans" ne peut lui faire que du bien.
Nous laïques, devons dénoncer tout ce que nous semble contraire à la laïcité, précisément, contraire à la loi de 1905.
« Liberté, égalité, fraternité »… n’est-ce pas cette devise qui est inscrite au fronton de nos mairies ? De temps à autres, il serait bon que nos élus – de droite comme de gauche – en « prenne connaissance ».
Amitiés laïques et encore laïques.
J. B.