A lire : Interview, Communiqué, Remerciements...
Interview du Président de l'ALPY
par Claude Cécile
pour Le Courrier de Mantes
du mercredi 22 décembre 2010
En quoi le jugement que vient de rendre le tribunal des prud'hommes est-il important ? Peut-il faire jurisprudence ?
L'argumentaire de l'accusation reposait sur l'avis de la Halde et sur la distinction entre public et privé. Le prononcé du jugement débute ainsi : Attendu que la Constitution du 4 octobre 1958 précise en son article 1er : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ... ». Le dernier texte de loi qui fit débat récemment sur le port du voile, en distinguant public et privé, réduisait finalement la laïcité à une quelconque obligation ponctuelle de présentation dans un espace très restreint et défini. Le tribunal en appelle ici fort justement à la supériorité juridique de la Constitution, qu'aucune loi ne peut suppléer sans être anti-constitutionnelle. La Laïcité s'applique donc à l'ensemble du territoire français. C'est un rappel des fondamentaux de notre République.Hors le secteur public, il n'y a eu que très peu d'affaires de même type. Cette dernière peut donc permettre le renforcement de la laïcité dans les entreprises de droit privé.
La Halde avait rendu un avis favorable à cette salariée...
C'est le second point fort de ce jugement. L'accusation reposait essentiellement sur cet avis. Entendue en audition libre le 8 novembre, Jeannette Bougrab, alors présidente de la Halde, ne pouvant concilier son attachement aux valeurs de la Laïcité et le premier avis rendu, annoncait le réexamen de ce dossier. L'actuel président, Eric Molinié, dès sa prise de fonction le 10 décembre, a confirmé ce réexamen et admis le questionnement qu'il imposait - sans doute motivé par un autre de ces attendus décidément remarquables, prononcés par M. Dalencourt - précisant que le conseil des prud'hommes n'est nullement tenu de prendre en compte l'avis de la Halde. En revanche, la compétence première de la Halde reste la discrimination et c'est de ce sceau que l'on est frappé lorsque un avis défavorable est rendu, d'où l'indignation d'un grand nombre et la forte médiatisation de ce jugement. Il eut été plus judicieux et d'ailleurs plus réaliste de demander un avis à l'Observatoire de la laïcité. Pour le coup, on aurait traité au plus près de la réelle problématique de ce sujet. Un choix préliminaire, qui semble déjà une orientation.
Depuis les années 80 et l'émergence de mouvements anti-racistes, fort légitimes du reste, l'amalgame entre race et religion est devenu systématique. Bien entendu, toute discrimination à l'égard des individus est condamnable mais la liberté de conscience - croire ou ne pas croire - est reconnue en France. On peut critiquer une religion, voire lutter contre elle, comme on le fait à l'égard d'un parti politique par exemple. On ne traite pas de raciste un opposant au PS ou à l'UMP ! Or,toute remise en cause de la religion est traitée comme un fait raciste. Il ne faut pas s'étonner si dans un pays ou plus de 80 % des français sont non-croyants ou non pratiquants, l'on voit émerger des tendances dites laïques qui de fait portent cette rancœur malgré tout légitime. Ajoutons à cela, fait premier dans notre histoire, un président de la République capable dans un même entretien de se prétendre garant de la laïcité tout en rapportant les paroles d'un chef religieux auquel il fait allégeance. Lorsque la loi est rendue confuse, se sont les dissensions qui prennent le dessus. Lorsque une loi commune est clairement énoncée, appliquée et protégée, alors elle est entendue de tous. Faut-il alors s'étonner de rassemblements tel les « assises de l'islamisation » de ce samedi ou de déclarations comme celle d'un front national aujourd'hui prétendument laïque, qui se réclamait de la foi la plus intégriste avant-hier. Une instrumentalisation de la laïcité dont ne rougiront pas les intégristes de toutes les religions qui savent, eux aussi, entretenir cette confusion entre race et religion.
Dans quelles circonstances êtes-vous entrés en contact avec l'association Baby-Loup ?
Quelle rôle cette crèche joue-t-elle dans le quartier de la Noé ?
Quel rôle les libres penseurs de l'Alpy ont-ils joué dans la défense de la crèche ?
Baby-loup est un projet ambitieux et d'un intérêt majeur puisqu'il porte et défend la laïcité au cœur d'une cité multiculturelle en effectuant une mission de service public. Un engagement républicain, à l'heure ou l'État abandonne les quartiers au communautarisme, qui mériterait les honneurs de la presse pour cette action plutôt que pour une affaire de voile.
Association des libres penseurs des Yvelines (ALPY), affiliée à l'Association des Libres Penseurs de France (ADLPF)et à l'Union Mondiale des Libres Penseurs (UMLP), défendre la laïcité et dénoncer toute atteinte constatée est l'une des missions inscrites dans nos statuts. Nous avons donc rencontré Mme Baléato et son équipe, puis rejoint le comité de soutien.
Nous sommes engagés aux côtés de cette équipe hors du commun même passé ce jugement, qu'il y ait appel ou non, pour veiller à la sérénité de leur travail comme nous avons veillé à la sérénité de ce procès, évitant toute récupération en ces temps ou les postures dites laïques amènent à des extrémismes qui pour le coup concernent la Halde.
Présents sur tout le territoire, nous répondrons partout et toujours aux atteintes de ce type, et principalement dans les quartiers qui sont et resteront territoire de la République et ce n'est pas Madame Bougrab, aujourd'hui secrétaire d'État à la jeunesse et à la vie associative qui nous contredira ...
Enfin, nous tenons à remercier, au nom du comité de soutien, tous les parents, personnalités, associations et citoyens qui ont témoigné leur amitié et leur soutien au personnel de Baby-loup.
Didier CROS
Président de l'ALPY
Lettre de remerciements
La Présidente de BABY LOUP et son Conseil d’Administration,
L’équipe de Direction et l’ensemble des salariées,
Le Comité des Parents de la crèche,
Ont à cœur de s’adresser à vous en cette veille des fêtes de fin d’année.
A vous, qui vous êtes mobilisé, solidarisé, avez manifesté votre intérêt, votre sympathie, avez relayé l’information sur les objectifs et les actions de l’association BABY LOUP, vous avez constitué une formidable chaîne de solidarité.
Nous souhaitons ici vous traduire notre reconnaissance pour ce soutien.
Comme vous le savez, le jugement des prud’hommes du 13 décembre dernier, marque la reconnaissance pleine et intégrale du travail que l’association a engagée maintenant depuis près de 20 ans, En effet, c’est en œuvrant dans le respect des modes de vie de chacun, sans distinction confessionnelle, culturelle, sociale ou politique, que l’Association Baby Loup, fondée par les femmes du quartier, a jusqu'à présent pu et su pérenniser sa démarche et développer ses activités, confortant et préservant ainsi des règles de vie communes qui s’inscrivent dans le respect de la laïcité et des lois de la République.
Nous savons aussi que cette victoire marque déjà une grande étape qui va au-delà de l'existence même de Baby Loup.
Grâce à votre force de conviction, à la ténacité de vos engagements à nos côtés, notre association permettra sans doute à d'autres structures Petite Enfance, voire plus généralement associatives de s'appuyer sur ce jugement.
Nous espérons aussi que les pouvoirs politiques tant nationaux que locaux pourront prolonger cette avancée.
C’est dans ce contexte, que nous pensons chaleureusement à vous, et nous vous souhaitons de bonnes fêtes et nos meilleurs vœux pour la nouvelle année.
Association BABY-LOUP
12 place du Trident, 78570 Chanteloup-les-Vignes - Tél. :01.39.75.01.83 - Fax : 01.39.74.03.84